La perle et la coquille

2 juillet 2017

Je dois avouer ici que je ne me suis jamais sentie réellement concernée par le sort des femmes afghanes. Bah oui, j'ai un peu honte mais ça me parait loin et je crois que je ne vois pas toujours plus loin que mon nombril. Toujours est-il que je me suis lancée dans ce livre sans trop d'attente. J'avais lu et entendu beaucoup d'échos plus qu'enthousiastes, ça m'avait donné envie d'en savoir un peu plus sur cette histoire ...

Kaboul, 2007 : les Talibans font la loi dans les rues. Avec un père toxicomane et sans frère, Rahima et ses soeurs ne peuvent quitter la maison. Leur seul espoir réside dans la tradition des bacha posh, qui permettra à la jeune Rahima de se travestir jusqu'à ce qu'elle soit en âge de se marier. Elle jouit alors d'une liberté qui va la transformer à jamais, comme le fit, un siècle plus tôt, son ancêtre Shekiba. Les destinées de ces deux femmes se font écho, et permettent une exploration captivante de la condition féminine en Afghanistan.

Vous l'aurez compris je pense, je ne m'attendais pas à recevoir cette histoire en pleine gueule (désolée, j'ai pas d'autres mots). Dès le début, j'ai été embarquée par un tourbillon qui se prénomme Rahima. J'ai été touchée en plein coeur par cette petite fille qui finit par être transformée en garçon pour le confort de sa famille. Je ne connaissais pas du tout cette "tradition" de travestir les petites filles (lorsqu'elles atteignent la puberté, il est difficile de continuer à les faire passer pour des garçons), ce qu'on appelle les bacha posh.

J'ai découvert un univers, un autre monde qui m'a fait peur par certains côtés. C'est totalement hallucinant qu'une telle société puisse subsister de nos jours. Et pourtant ... pourtant, je me suis rendue compte que c'était là le quotidien de toutes les femmes qui vivent en Afghanistan sous le joug des Talibans. C'est horrible. Ca parait inimaginable pour nous qui vivons paisiblement en Occident. Je pense que ce récit est une pure fiction mais elle semble tellement proche de la réalité qu'elle en devient presque un témoignage.

Rahima a ravi mon coeur et mon esprit. J'ai beaucoup pensé à elle même après avoir refermé mon livre. Je la trouve tellement courageuse tout au long de sa vie. Car nous la suivons de son enfance à l'âge adulte et je peux vous dire qu'elle a une vie mouvementée. Certains épisodes m'ont bouleversée, je me suis quelque fois retrouvée les larmes aux yeux. C'est suffisamment rare pour que je le souligne.

L'auteure a choisi aussi d'insérer des passages de la vie de l'ancêtre de Rahima qui se prénomme Shekiba. J'ai eu beaucoup de sympathie pour elle aussi, c'est également une femme forte qui aura connu un destin tout à fait hors du commun. Je me suis régalée en suivant ses péripéties qui vont l'emmener jusqu'à Kaboul la capitale.

C'est extrêmement bien écrit, il n'y a pas de temps mort. Le lecteur est en haleine et veut toujours en apprendre plus sur la vie de ces deux femmes. J'ai dévoré mon livre et j'étais presque déçue d'arriver à la fin. Nadia Hashimi a une plume ciselée, précise mais elle est également capable de poésie. Je ne vais pas m'étaler encore et encore, je pense qu'il est maintenant clair pour vous que c'est un coup de coeur que je regrette de ne pas avoir découvert plus tôt.

Si vous ne connaissez pas cette merveille, n'hésitez plus et venez rencontrer Shekiba et Rahima.

Lu dans le cadre du Challenge des 100 romans ...

(56/100)