Filles de la mer

Lorsque j'ai découvert l'existence des femmes de réconfort pendant la Seconde Guerre pendant l'Occupation japonaise en Corée, j'avais été choquée et à la fois fascinée par leurs terribles destins. Ce bouquin m'avait été conseillé suite à la publication de mon billet sur Les orchidées rouges de Shanghai et je m'étais empressée de l'acheter. Maintenant, je l'ai lu.

Sur l'île de Jeju, au sud de la Corée, Hana et sa petite soeur Emi appartiennent à la communauté haenyeo, au sein de laquelle ce sont les femmes qui font vivre leur famille en pêchant en apnée. Un jour, alors qu'Hana est en mer, elle aperçoit un soldat japonais sur la plage qui se dirige vers Emi. Aux deux filles on a maintes fois répété de ne jamais se retrouver seules avec un soldat. Craignant pour sa soeur, Hana rejoint le rivage aussi vite qu'elle le peut et se laisse enlever à sa place. Elle devient alors, comme des milliers d'autres Coréennes, une femme de réconfort en Mandchourie.

Cette lecture a été bonne mais, ne faisons pas durer le suspense trop longtemps, je l'ai moins aimé que le livre de Juliette Morillot. Peut-être parce que je connaissais déjà la tragédie dont il est question dans le roman, je ne sais pas. Je me suis moins attachée au personnage de Hana bien qu'il soit impossible de ne pas ressentir une immense compassion pour elle ainsi qu'un immense sentiment d'injustice face à la situation qui est la sienne. C'est un destin de femme hors du commun dont il est question ici.

J'ai bien aimé la façon dont le livre est construit, on va suivre les deux soeurs à deux époques différentes. Ca donne du rythme à l'histoire et c'est agréable à lire. On ne s'ennuie pas et les pages se tournent bien trop rapidement. C'est atroce de se dire que cette histoire est inspirée de la réalité historique, bien entendu les personnages sont fictifs mais les horreurs commises au fil des pages ne le sont pas, elles. C'est un livre qui va faire réfléchir le lecteur sur les capacités humaines de repousser les limites de l'horreur. Nous vivons des temps troublés et on se rend compte que l'Homme n'apprend rien de son passé.

C'est bien écrit, on sent que l'auteure a pris le temps de faire des recherches afin de donner un cachet authentique (et bouleversant !) à son récit. On ressent de ce livre en étant chamboulée. C'est une histoire qui restera dans ma mémoire pendant longtemps je pense. Les personnages sont forts et on en apprend plus sur la communauté haenyeo que je ne connaissais pas du tout. Cette communauté qui permet aux femmes de faire vivre leurs familles en allant à la pêche m'a parue extrêmement moderne !

Une lecture essentielle pour ne pas oublier les atrocités des guerres ...